vendredi 31 août 2007

Poids Plume

Mezzig est arrivé au beau milieu de la séance de gesticulation matinale de Clampin.

Nu pied dans l'herbe grasse. Les yeux mi-clos. Aussi relaché et imprévisible qu'un matou. Dense. Secret comme un noyau d'abricot. Clampin déclinait d'improbables figures d'une lenteur à piquer du nez.

Mezzig s'est assis sur une souche qui se trouvait là. Aussi discret et silencieux que possible. Il avait déjà assisté à d'autres séances du même genre. A chaque fois, il s'était senti impressionné et vaguement incrédule.

Comment s'y prenait Clampin pour faire tenir ensemble pareille combinaison d'incongruités géométriques. Foi d'empoté, Mezzig se serait senti parfaitement déplacé à titiller ainsi les lois élémentaires de la gravitation.

Heureusement pour lui, l'initiation n'était pas encore d'actualité.

jeudi 30 août 2007

Effrois Divers

Un mort par balle.Onze ans. L'assassin est en fuite. Macabre découverte dans un congélateur. La mère avoue le meurtre de ses enfants. Un avion rate la piste. Aucun survivant. Une voiture bourrée d'explosifs. Des dizaines de victimes. Autant d'estropiés.

Battu à mort par des inconnus. Un corps à moitié brûlé découvert dans les bois. Un homme abat femme et enfants avant de retourner l'arme contre lui. Enlevée,séquestrée,violée pendant des heures. La jeune fille est retrouvée sans vie dans un local désaffecté.

Un différent sentimental qui tourne au drame.Il poignarde son camarade à la sortie du lycée. Un arbitre agressé au vestiaire. Les médecins ne se prononcent pas.

Un week-end meurtrier. Le chiffre des accident repart à la hausse. Terrassé par une crise cardiaque le lendemain de son départ en retraite. Intrigués par l'odeur, les voisins préviennent la police...

Cezzig serre les dents et coupe le récepteur. On n'est vraiment à l'abri de la mort nulle part.
La peur vous est livrée gratuitement. Demandez le programme.

mercredi 29 août 2007

Dupont Durand

Juste à côté vit l'Ukrainien, avec un nom que tous ceux qui le saluent écorchent involontairement étant donné que l'intéressé est affublé d'un tel accent qu'il donne l'impression de changer de patronyme en permanence.

C'est quelque chose qui ressemble tantôt à Levouve, tantôt à Lvove, quand ça n'est pas Lvouf ou carrément LeVeuf pour les moins doués.

Pour en finir, c'est l'Ukrainien qui a été plébiscité. Sauf pour quelques irréductibles qui ont opté pour Kraine ou le Krainien. Pour d'obscures raisons que Mezzig croit deviner, Mose est le seul à se distinguer. Pour lui, c'est le Kraignos, un point c'est tout.

Au début, Kraine ne parlait pas à grand monde. Bonjourrre, bonsouarrre. Le minimum. On le voyait entrer et sortir de chez lui à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Quelquefois, il disparaissait carrément. Volets clos pendant des jours.

De quoi intriguer, forcément. On ne se refait pas si facilement...

mardi 28 août 2007

En Solde

Un mot de Clampin ce matin au courrier.

Cher Mezzig
Il se publie aujourd'hui plus de livres qu'on en écrit.
En littérature, on ne vend pas sa peau: on la défend.
Portez vous bien.

Le lascard a l'air en forme: c'est rassurant.

lundi 27 août 2007

Tendance Gauche

Pour parler franc, Mezzig envie les gens que rien n'effraie, les touche-à-tout du faites-vous-mêmes, surdoués de la bricole, la crème du sens pratique.

Planter un clou sans s'assommer, à la rigueur, il peut. Fixer, visser, rafistoler, idem. Rien que des choses à sa portée.

Mais, au hasard, prenons, réparer la plomberie, installer l'électricité, dépanner un moteur, fleurir son jardin, plâtrer un mur, isoler la toiture, poser un sol ou peigner la girafe... non, là c'est pour blaguer! Mezzig en est incapable. Incompétent notoire il est né, manchot il restera.

Madame maintient que c'est un genre qu'il se donne. Un prétexte pour couper court à toute contrariété.

Mezzig ne nie pas. Il n'approuve pas non plus. Il a déjà pris la tangente: à quoi bon en venir aux mains!?

dimanche 26 août 2007

Prise de Bec

Un question taraude Mezzig depuis le réveil:



Entre la poule et l'oeuf, qui est le pigeon? Une bonne journée qui s'annonce!

samedi 25 août 2007

Pourboires

Superglande Land est sur le point de fermer ses portes. Le bilan de la saison est plutôt mitigé. Peut-être moins de fantaisies que les années passées. L'augmentation des tarifs à la pompe, la météo capricieuse qui n'a pas incité aux dépenses, le moral des ménages globalement terreux, autant de facteurs dont il faudra tenir compte au final.

Mezzig acquiesse: les grincements de dent, c'est pour tout à l'heure. Quand on présentera la facture. Il ne serait pas surprenant qu'il y en ait qui déchantent.

Pardon, c'est déjà fait!?
Scusez!

vendredi 24 août 2007

Flash Beauf

L'Arrogance Décalottée a le vent en poupe. Mauvais goûts de luxe à l'étalage. L'Avoir et le Faire Savoir en devanture. M'as-tu-vu-si-j'me-la-pète roule en Coupé. Sa langoureuse en drapeau dans le siège baquet. Coup d'oeil circulaire au démarrage. La chiffonnette en action après chaque stationnement.

Mezzig ne force pas le trait.

L'après-midi battait son plein. Le temps était suspendu aux lèvres du ruisseau. La campagne soignait sa couleur.

D'un coup d'un seul, voilà Vieux Beau qui déboule avec sa meute. Et vas-y que j'occupe le terrain, que j'en rajoute dans le déballage. Prêt à porter décontract sur fond d'épiderme caramel, tout ce petit monde s'égaille, braillant et gesticulant comme un laché de pintades sur la pelouse.

Pantois, Mezzig sent la moutarde lui monter au nez. Pour un peu, il en approuverait la raréfaction des espèces. Si la sienne n'était pas déjà menacée.

jeudi 23 août 2007

Plafond Bas

Le ciel n'a pas changé de gris depuis quand? Mezzig l'aurait parié, le moral est à deux gouttières de prendre l'eau. Il fait nuit pratiquement tous les jours tellement on n'y voit goutte. La 2Cylindres est coincée au garage. C'est ceinture pour le rodeo!

Mezzig se tâte: se recoucher fissa ou bannir le lever du corps en misant sur une embellie.

Pour s'occuper, Mezzig écoute la radio en réfléchissant à ce qu'il faudrait qu'il fasse: prendre rendez-vous chez le dentiste, poster le courrier pour la sécu, téléphoner au garage, sortir acheter un journal, du tabac, passer à la banque, prendre le pain, des nouvelles de Clampin, les mesures pour un cercueil et s'accorder sur l'arme du crime.

Madame hausse les épaules. Li Pouiye se détourne dédaigneusement.

Puisque c'est comme ça, c'est même pas la peine. Y'a jamais personne pour vous rattraper par la ceinture au bord du précipice. C'est à désespérer de tout.

mercredi 22 août 2007

Gare de Triage

Une fois au moins vivre la vie de quelqu'un d'autre. Bricoler l'aiguillage. Changer de voie. Aller jeter un oeil de l'autre côté.

Quelqu'un d'autre, oui, mais quel autre? Tant qu'à faire, on aimerait avoir le choix. De préférence pas le fond du panier. Allons-y franco: quelqu'un qui aurait une vie hors du commun. Au hasard, quelqu'un de célèbre ou d'important, disposant d'une petite fortune pourquoi pas et plutôt bien de sa personne sans trop demander. Un pas mal verni, pour faire simple. A la rigueur, une idôle, un héro, la super pointure. Rien en dessous, par contre, personne qui dépare.On a sa fierté...

Au fait, qu'est-ce qu'il avait en tête? à quoi est-ce qu'il voulait en venir avant de basculer? pourquoi toutes ces finasseries?

Mezzig n'ose pas se prononcer. Il faudra vérifier auprès de chef de train.Une mauvaise manoeuvre n'est pas à exclure.

mardi 21 août 2007

Coté Jardin

Un peu plus loin dans la rue, il y a le père Mose, curé défroqué fondateur du Comité pour la Restauration de la Touffe à l'Ancienne. C'est Mose en personne qui l'a mis dans la confidence un soir que Mezzig passait par là.

Mose se tenait sur le pas de sa porte. Il a fait signe à Mezzig de le suivre chez lui. Mezzig ne s'est pas fait prier.

A peine entré, Mose lui avait laché le paquet que c'était une misère cet étalage de minous glabres et qu'il fallait rendre ses lettres de noblesse à l'ardent buisson fourni! Qu'est-ce qu'il en pensait? est-ce qu'il était partant?

Mezzig avait improvisé qu'il n'y avait jamais réfléchi mais que c'était sûrement une cause qui méritait attention.
Mose lui avait alors proposé de prendre sa carte au Comité et Mezzig avait accepté pour se débarasser.

A présent, chaque fois qu'il croisait Mose, Mose le gratifiait d'un sourire de connivence auquel Mezzig répondait volontiers. Par les temps qui courent, l'amitié n'est pas monnaie si courante.

lundi 20 août 2007

En Rappel


Les biens prodigués par le Ciel et la Terre sont pour tous.




Celui qui est en haut ne doit pas s'estimer supérieur aux autres, pas plus que celui qui est en bas ne leur est inférieur.


Maître Tchouang

( entre le IVe et IIIe sciècle avant notre ère )


Mezzig se dit que ça gratte toujours là où ça démange encore aujourd'hui.


Salon d'Aisance

4 x 4 ronflant avec guidage satellite, siège 100% peau de veau et garnitures en bois de rose. Portable dernier cri. Baladeur hautes performances ultra design. Ordinateur extra-plat-archi- sophistiqué à trimballer partout. Caméra vidéo miniaturisée. Agenda électronique. Lecteur laser incorporé. Répondeur-transpondeur-décodeur-enregistreur tout en un.

Montre bracelet rutilante. Costume de marque. Coupe soignée. Uniformément hâlé. Le sourire enjoué. La mine fraîche. Enclin au mouvement perpétuel et communiquant à tout va.

Le ski l'hiver. L'été dans les îles. Une maison à la campagne. Un appart en ville. Le home cinéma clinquant. Intérieur mi-classique, mi-contemporain. Du moderne à l'ancien sur tous les murs. Un penchant manifeste pour le fonctionnel, l'adéquation à la vie urbaine, etc...

Mezzig feuillette la pile de catalogues à disposition dans les toilettes. La joie précieuse de trôner au summum de l'abondance! Rarissime, n'estimons-nous pas!

dimanche 19 août 2007

Code Barre

C'est arrivé sans crier gare. Sans raison apparente non plus. Pas d'évènement particulier, ni rêve un peu tordu. Rien qui puisse justifier cette soudaine bouffée compulsive, cet impérieux besoin d'achat qui l'a saisi à la gorge en milieu de matinée. Sans tergiverser, Mezzig saute sur sa 2Cylindres et file faire les magasins.

En jouant de la poignée, il songe à ce qu'il pourrait bien se payer pour calmer son envie. Le hic, c'est que Mezzig ne manque de rien. Rien de vital, sous entendu. Reste le superflu et, là, l'inventaire est fourni. Tellement fourni que Mezzig ne sait par où commencer.

Une chance pour lui, à peine arrivé en ville, Mezzig réalise que c'est férié. Mezzig respire. Cette fois encore, il l'a échappé belle.

En Clair

Et quelquefois la lumière a lieu comme un événement qui ne se serait pas produit depuis des lustres.




Une ligne, puis une autre, se détachent d'une page et vous collent comme une bénédiction.

Mezzig aimerait savoir ce que demande le peuple.

Mots Croisés


N'empêche que c'était bien. On aurait bien aimé rester plus longtemps. On a fait des photos, on vous montrera. Y'a pas à dire, les gens étaient plutôt sympas. On a fait des rencontres. Bon, y'a des cons partout, c'est clair, on n'y peut rien.

Côté commerce, on voit qu'ils en profitent un max. Je te dis pas les prix! Non, non, c'était confortable. Un peu étroit par moments, mais propre, c'est surtout ça, propre. On connaissait, tu penses...quand on aime.

Des paysages magnifiques. Encore plus réaliste que des cartes postales. On en a acheté quelques-unes, ça permet de prolonger un peu.

Vraiment, ce qui surprend là-bas, c'est la misère. On s'y attendait un peu, mais pas autant: ça a un peu gâché notre plaisir.

Et les odeurs, ah! ces odeurs. Si on avait pu en ramener, on aurait rempli les valises. On y pense pour l'année prochaine. On a encore le temps. Onze mois, c'est rien. Les projets, ça aide à patienter.

Mezzig ne trouve rien à dire. Il est toujours attérré de voir à quel point on supporte ce qu'on supporte sans broncher.