dimanche 31 août 2008

Casse mythe

La voiture à peine vidée, les bagages défaits, le courrier dépouillé, Li Pouiye dans ses quartiers, Mezzig se précipite délivrer la 2Cylindres de son isolement. 


A première vue, rien de suspect. La porte n’a pas été forcée. L’anti-vol n’a pas bougé. La bête est intacte. 


Un tour de clé: le tableau de bord est allumé. Mezzig actionne l’avertisseur. Les clignotants. Feux de détresse. De croisement. Le plein phares. Frein arrière. Frein avant. Le stop. 


Examen réussi. 


Légère pression pour démarrer. Le moteur toussote. Se ressaisit. Claque plus franchement. S’équilibre. Reprend vie. 


Mezzig monte en selle. Donne du gaz. Coupe. Remet la gomme. Se régale.


Sans mentir, Mezzig tomberait bien la béquille pour aller fendre la bise mais Madame sort lui rappeler qu’il est quatre heures du matin, qu’il y en a qui dorment et qu’il a gardé ses chaussons. 


C’est miteux!




Découvrez Jack Johnson!

vendredi 29 août 2008

Cigale fois tant

Diane navigue sur tout un tas de sites. Fréquente les blogs. Consulte les pages perso. Compulse des albums photo. Télécharge de la musique. De la vidéo. Visionne des clips. S’adonne aux tchates.

Au saut du lit, elle relève ses mails.  Classe les messages. Répond aux plus urgents. Supprime les indésirables.

Surpris par l’inhabituelle lumière qui filtre à travers les volets mi-clos, Kraine ouvre un œil. À sa montre, il est tout juste neuf heures et le soleil tape déjà sévère.

En bas, dans la petite cuisine, assise devant un bol de café fumant, Diane pianote sur le clavier de son ordinateur.

Kraine ramène l’oreiller sous sa nuque, remet sa queue d’équerre, et s’étale de tout son large. Parti comme il est là, il en a pour jusqu’à midi. Sauf si quelqu’un se dévoue pour lui expliquer la différence entre une élytre, alors là, c’est une autre paire de manche, n’est-il pas !?



Découvrez Conor Oberst!


jeudi 28 août 2008

Sur la touche

C’est agréable de pouvoir se garer où ça vous chante sans avoir à tourner comme un hamster  survitaminé à la recherche d’un emplacement où parquer sa caisse. En ce moment, les rues sont en partie désertes, les boulevards désengorgés. Ça circule pépère.

Clotilde sent la différence: elle profite de ses repos pour enfourcher sa bicyclette et parcourir Trous sur Gloire dans tous les sens.

Le matin, les gens qu’elle croise ont l’air de ne pas s’en faire et de vouloir prendre gentiment leur temps. Les commerçants du centre-ville ouvrent boutique sans se presser. Le vieux quartier s’ébroue au ralenti. Dans les allées des squares, on se dégourdit au petit trot.

Évidemment, si elle avait des sous, Clotilde ne cracherait pas sur davantage de dépaysement. Un petit séjour à la mer par exemple, elle ne dirait pas non.

En même temps, si c’est pour ramer contre vents et marées et finir sur le sable, autant s’abstenir et rester à quai.

Faute de mieux, elle se prélasse sur un banc ou s’achète un canard qu’elle feuillette sur un banc. C’est comme ça qu’elle a su pour les autres. Les 45% de blousés dans son genre qui ne partent jamais en vacances.



Découvrez Sarah McLachlan!


mercredi 27 août 2008

Tour de chauffe

La maison ne paye pas de mine. Rustique. Toute en hauteur. Cuisine et salle à manger au premier. Une chambre en haut de l’escalier. Mobilier sans âge. Des murs qui s’écaillent. A l’arrière, un étroit balcon donnant sur la rivière.

La bicoque appartient aux parents d’une copine qui ont accepté de la céder pour la semaine. A condition de ne rien déranger. Autrefois, c’était un peu leur résidence d’été. Maintenant qu’ils ont pris de l’âge, ils trouvent la route trop fatigante et n’y viennent que très rarement.


Il y a quelques années, Diane et son amie ont passé des vacances ensemble ici. Elle a pensé que ce serait l’endroit idéal pour mettre pied à terre avec Kraine. S’envoyer en l’air et profiter sans retenue de l’instant présent.


Diane garde ça pour elle mais elle est convaincue qu’il n’y a que les débuts qui comptent et qu’après c’est la déconfiture.


De son côté, Kraine évite de se triturer les méninges. Il a rentré les bagages, pris une douche, enfilé un short, s’est mis à sécher dans les derniers rayons du soleil, cigarette aux lèvres, et, entre nous soit dit, ça ira bien comme ça pour aujourd’hui.




Découvrez Imogen Heap!



lundi 25 août 2008

En rayons

En poussant le caddie de Madame, Mezzig n'a pu s'empêcher de remarquer la publicité faite à un nouveau modèle de cahier d'écolier. L'originalité cette année: placer la marge à droite.

Mezzig hésite encore sur les conclusions à tirer d'un pareil renversement d'étiquette.


Découvrez Gary Jules!

dimanche 24 août 2008

Clôture

Mezzig se dit au passage que le revers de la médaille c'est qu'il revient mécaniquement au second qu'il y ait un premier. Une preuve supplémentaire que la valeur n'attend pas le nombre de ses âneries.

Ça sert d'os

C’est une maladie: aujourd’hui, les gens se plaignent qu’ils n’ont pas les moyens mais tout le monde est parti en congés. Quand on n’a pas d’argent, on reste chez soi: on ne va pas traîner ses guêtres n’importe où.


Dans le temps, on n’avait pas le choix. On travaillait dur toute l’année. Et quand, on arrivait à mettre trois sous de côté, on faisait attention de ne pas les dépenser. On les mettait à l’abri dans la pile de draps en attendant qu’ils fassent des petits. C’était comme ça.


A l’heure actuelle, argent ou pas, c’est pas grave: on veut toutout’suite. J’achète maintenant. Je rembourse plus tard. Au moins, comme ça, c’est vite réglé! 


La P’tit Dame d’en Face déplore que ça n’a rien de surprenant si maintenant tout va de travers. Heureusement qu’il y a des pauvres. Sans les pauvres, il ne resterait pas grand monde pour se serrer le ceinturon.



vendredi 22 août 2008

Cordes raides

Ecrasée de soleil, la route vrille le paysage comme une traînée de métal chauffé à blanc. Les montagnes tout autour sont accablées de lumière. L’air est irrespirable, râpeux, brûlant. Une haleine de four.

Mis à rude épreuve dans la descente, les freins commencent à sentir le roussi. Courbes, virages, épingles. Seconde, troisième, seconde: le moteur subit tous les régimes, encaisse ordres et contrordres sans broncher.

Pendant ce temps, derrière, on fait la queue. En première position, dégoulinant de sueur, la main crispée sur le levier de vitesses, Kraine maudit ce foutu camping-car qui l’oblige à ralentir l’allure et lui obstrue la vue.

Trop occupé à négocier ses trajectoires, Dédé ne remarque pas les traits familiers qui grimacent dans son rétroviseur. Du coin de l’oeil, il guette le bas-côté, cherche un décrochement assez large et ombragé pour reposer la mécanique et l’aperçoit enfin.

La voie est libre. Remonté contre ces escargots de vacanciers à la noix qui encombrent les routes, Kraine passe à la vitesse supérieure en effleurant le genou fruité qui remonte loin sous la robe légère de Diane.


mardi 19 août 2008

Au pied levé

Madame lui confirme qu’il a l’air parfaitement grotesque. Est-ce qu’il a déjà vu quelqu’un se comporter de la sorte sous prétexte qu’il ne se sent pas en sécurité? Avoir peur en voiture est une chose mais, là, vraiment, c’est le pompon.

Madame veut bien entendre qu’il n’est pas habitué à se faire véhiculer. Elle est disposée à admettre qu’il respire mieux au guidon de sa 2Cylindres, qu’un motard n’est pas fait pour se déplacer en caisse, pas plus qu’un éclopé sans sa béquille.

Passe encore qu’il voyage à l’arrière, vitres baissées pour profiter du courant d’air. Madame accepte. Par contre, que Mezzig circule le casque enfoncé jusqu’au menton, visière au vent, ça dépasse vraiment les bornes.

De là à ce qu’il passe bientôt la jambe par la portière pour saluer ses congénères, il n’y a pas des kilomètres! prévient l’intéressé.


Découvrez Kris Dane!