mardi 30 septembre 2008

Carrousel amer

On a beau savoir que tout a une fin, quand il faut plier les gaules, faire les sacs, nettoyer à fond, refermer derrière soi et parcourir la route en sens inverse, il y a des pincements au coeur qui vous prennent à la gorge.


On est comme un enfant à la fête foraine. Les yeux pétillants de splendeur. Avec, sur la langue, un goût de nougatines et de gaufres au sirop. 


On voudrait que les aiguilles s’arrêtent de tourner le temps d’un dernier tour gratuit. Après, c’est juré, on sera sage, on s’en ira sans se rouler dans la poussière et les confetti.


Dans la voiture, Diane scrute Kraine à la dérobée. Son air ténébreux. Ce silence depuis le départ. Au final, le petit garçon n’aura pas tenu parole: Monsieur boude à fond les manèges! C’est vraiment pas du jeu.





lundi 29 septembre 2008

Pesant d'or

Si elle fouille dans l’armoire, entre les draps, elle trouvera une enveloppe avec une partie de ses économies. Les reste est dissimulé sous l’escalier dans une boîte métallique fermée à clé cachée au fond du tiroir de la table de chevet.

S’il arrivait malheur, Clotilde n’aura qu’à prendre le magot et le garder pour elle. Personne d’autre n’est au courant. Même pas
ses enfants. Pour ce qu’elle les voit, ils ne méritent pas son argent.


Clotilde lui dit qu’elle ferait mieux de placer ses sous à la banque mais la P’tit Dame d’en Face s’emballe que c’est tous des voleurs qui s’engraissent sur le dos des braves gens et quand les caisses sont vides, ils envoient les couillons sur les roses et on a plus que ses yeux pour pleurer.


C'est comme ça depuis toujours: quand les gros ont fini de s’empiffrer, c’est les petits qui ramassent les miettes. 


Les cordons de la bourse, comme ils disent, c’est pas encore aujourd’hui qu’on va les leur couper. 




Découvrez Tommy Steele!


vendredi 26 septembre 2008

Mise au chapitre

S’il a bonne mémoire, le livre qu’il cherche devrait être quelque part dans un de ces cartons qui pullulent à la cave. Il est sûr de l’avoir rangé avec les autres. Oui, mais où?


Ça fait quelque temps déjà qu’il se répète qu’il ferait bien de le relire. D’autres aussi. Tous peut-être. Celui-là surtout. Il ne sait pas pourquoi mais il y pense souvent. Certains jours, il a l’impression que l’histoire qu’il raconte est en train de se réaliser. 


Il ne se souvient pas de tout, seulement de certains passages, c’est bien ça qui l’embête. Il a l’impression qu’il y verrait plus clair s’il remettait la main dessus et qu’il le reprenait depuis le début.


L’ennuyeux, c’est qu’il y en a des kilos à remuer avant de le localiser. Au bas mot, ça peut lui prendre le choux une partie de la matinée. A condition qu’il ait de la chance.


Tout compte fait, Mezzig préfère remettre ses recherches à plus tard. Passer des heures à risquer la surchauffe pour finir en sur place, il a l’habitude. Autant tourner la page.





Découvrez Bruce Springsteen!

mercredi 24 septembre 2008

Pas de deux

Les vieux beaux qui lui emboîtent le collant et la suivent à la trace pendant qu’elle trottine, Montana en a plein les basques. 


Pour s’en défaire à la régulière, elle allonge la foulée, accélère le train. Aussitôt, à l’arrière, le palpitant à la remorque, ça frise le collapsus.


Les mieux aguerris se risquent parfois à engager la conversation en se portant à sa hauteur. Au quel cas, Montana leur adresse un émouvant discours dans la langue des signes ponctué de savants borborygmes.


En général, il n'en faut pas davantage pour que ces audacieux déguerpissent en s'en mordant les lèvres.




Découvrez Sheryl Crow!

mardi 23 septembre 2008

Bénéfices nets

Est-ce que vous avez vu ça, claironne la Virago qui n'a pas tout saisi, comment il est sorti de sa réserve fédérale le petit!?

Il faut les avoir bien accrochées pour demander de rendre des comptes à ceux qui en ont tant et plus à la banque.

D'un autre côté, s'immisce un client, ça ne coûte rien de s'attaquer aux grosses volailles une fois que les pigeons sont plumés.

Décidément, pour ce qui est de la finance, à la Glotte, on va de surprime en surprime.


Découvrez The Beatles!


dimanche 21 septembre 2008

Insigne honneur

Entre la poire et le fromage, Mezzig titille Madame que cette idée de décerner une médaille aux élèves les plus méritants, ça lui rappelle le bon temps.

Pendant qu’ils y sont, ils devraient faire la même chose avec les anciens qui s’accrochent comme ils peuvent pour décrocher la timbale. On appellerait ça la remise des escarres. Sûr que ça ferait des envieux.


vendredi 19 septembre 2008

Martial

Géronyme Clampin en a fini avec sa retraite. Il a enfin regagné ses pénates et profite des premières lueurs du jour pour s’adonner à ses pratiques face au soleil levant. Solidement enraciné au sol, les genoux légèrement fléchis, le buste droit, Clampin centre sa respiration, équilibre ses énergies.

Yeux grand ouverts, il regarde droit devant lui sans qu’aucun objet ne retienne son attention ni n’échappe à sa vue. Clampin n’attache aucune importance à ce qui l’entoure. Pas davantage à ce qu’il ressent: aux bruits qu’il entend, aux odeurs qu’il perçoit, aux pensées qui émergent, prennent forme, le traversent et s’évanouissent aussitôt.

D’abord immobile, silhouette improbable, à peine perceptible dans la pâle lumière de l’aube, Clampin esquisse un premier mouvement, ralenti à l’extrême comme si l’air agissait tel un frein, retenait son geste, l’empêchait d’avancer.

Les bras tendus à hauteur des épaules, ses mains en éventail, on dirait qu’il s’appuie contre du vide, repoussant devant lui un invisible obstacle.

A partir du mois prochain, c’est officiel, Géronyme Clampin annonce qu’il animera des stages d’initiation accessibles à tout public dans un local gracieusement prêté par la municipalité de Trous sur Gloire

Mezzig a reçu son bristol par la poste avant hier. Il en a parlé à Madame qui l’a encouragé à sauter le pas. Pour une fois qu’il a l’occasion d’avancer, ce serait absurde de faire machine arrière. Implacable!




jeudi 18 septembre 2008

Sac de noeuds

En se promenant dans les allées du parc l'autre après-midi, Mezzig s'est soudain rendu compte qu'en détachant Li Pouiye, c'est lui qu'il détachait par la même occasion.

Il est ainsi des révélations qui en disent long sur les liens qui nous ficellent à l'incurable. Mezzig ne se fait guère d'illusions: ce sera dur de reprendre le collier après ça.



Découvrez Gary B!


mercredi 17 septembre 2008

Culotté

En entendant ça, Madame bondit qu’en dehors de ceux qui changent les couches, il en est d’autres qui s’en tiennent une carabinée dont ils n’entendent visiblement pas se démunir.

Nul doute qu’avec un fondement aussi bien tartiné, mieux vaut savoir serrer des fèces!

 
 sur rue89
                                 

mardi 16 septembre 2008

Dans l'embarras

On vit vraiment dans un drôle de monde. C’est à peine si on ne te roule pas dessus en traversant la rue. Tout juste si on ne benne pas ses ordures sur le pas de ta porte en pleine nuit. Si on ne te balance pas incognito des seaux d’eau par la tronche quand ton chien s’oublie un tant soit peu sous des fenêtres. 

Si l’occasion lui était offerte de leur causer face à face, Mezzig aurait deux mots à leur dire à ces jean-foutre, ces foutriquets, ces paltoquets, ces maroufles!

Le plus dur, évidemment, étant de bien choisir son sobriquet.




Découvrez Iggy Pop!

lundi 15 septembre 2008

Escampette

Pendant son absence, les Natzy ont subitement quitté le navire et changé d’adresse. En passant devant la maison, Mezzig a remarqué l’absence de rideaux aux fenêtres du premier. 

Visiblement, la boîte aux lettres aussi a disparu. Sans oublier les coups de gueule à répétition et leur accompagnement d’insultes en dix volumes.

Mezzig se dit que la mère Natzy aurait pu finir sa vie dans un bain de sang, ses restes dévorés par son dégénéré de roquet à l’abandon, personne n’aurait sonné l’alarme ni rameuté la brigade cynophile. 

On en pensera ce qu’on voudra mais manquer à ce point de commisération envers les animaux, c’est rageant.



vendredi 12 septembre 2008

Sans feu

Vraiment, ça n'est pas pour insister mais c'est plus fort que lui: tous ces fidèles rassemblés pour partager dans la ferveur leur bain de Saint Siège, voilà qui mérite amplement d'être encensé!

Mezzig le confesse humblement: ça n'est pas la première ni la dernière fois qu'il recourt à des arguments fumeux! 



Découvrez Scorpions!

jeudi 11 septembre 2008

Aux puces Déi

La Virago qui n’a jamais perdu foi en sa coqueluche de président a reçu l’annonce de la prochaine visite du Pape Benoît XVI comme une fournée de pain bénit.

Elle fera le déplacement jusqu’à la capitale assister à la grand messe. Elle a déjà prévu de rapporter un portrait dédicacé du Saint Homme pour suspendre à La Glotte.

Mezzig lui sort que, pour une fois, il se réjouit à l’avance de voir le petit marqué à la calotte. On est hosti(l)e ou on ne l’est pas!





mercredi 10 septembre 2008

Ozone franche

Par souci de l'environnement, on lui serine en hauts lieux qu'à l'avenir, Mezzig devra se résoudre à économiser sur l’eau, l’électricité, l’essence, le logement, la nourriture, le tabac, les soins, l’habillement.

En signe de bonne volonté, il envisage de ne bientôt plus  ramener sa fraise qu’une fois sur deux. 

Il se dit que si tous les fondus de pouvoir se mettaient à suivre son exemple et fermaient leur clapet, ça nous ferait de l'air pour commencer!



Découvrez David Gilmour!


mardi 9 septembre 2008

Ecorcé vif

Diane a des tas d’amis sur le net. Des gens qu’elle ne côtoie jamais. Dont elle ne sait rien, ou si peu. Ni à quoi ils ressemblent. Ni qui ils sont vraiment. Elle dit que c’est sans importance. Que c’est un amusement.

A part ça, elle connaît la moitié de la place Porte-Beau. Elle a ses entrées dans tous les endroits à la mode. Les boîtes en vogue. Les soirées privées. 

S’il a envie, elle pourrait lui faire rencontrer une foule de gens: des figures dans leur genre. Des fêtards. Des extravagants. Des flambeurs. Mais pas seulement.

Aussi des personnes qui ne paient pas de mine. Des solitaires. Des renfermés. Des grincheux. Des charmeurs. Sans compter les marrants. Les bavards. Les intrigants. Les tronches. Les balourds. Les 

Sonné, Kraine brandit l’éponge, réclame la mi-temps. Il craint que ça lui fasse un peu trop d’un seul coup. Diane devra s’y faire: il n’est pas du bois dont on fait les phalanstères.




Découvrez Emilíana Torrini!

lundi 8 septembre 2008

A la carte

Fut un temps où le roi disait nous voulons. Aujourd'hui, c'est je veux et j'edvige! Mezzig se froisse qu'il y en a quelques-uns qui ne se font vraiment pas (fi)chier! 


Découvrez Calvin Russell!


dimanche 7 septembre 2008

Sur un plateau

Pendant son absence, Mezzig a pris des résolutions. Dès qu’il a cinq minutes, il s’y met. Un peu d’huile sur la chaîne, deux chambres à air neuves et le tour est joué. Madame va pouvoir se remettre en selle.



Découvrez Tumble Tots!

samedi 6 septembre 2008

Front commun

Au comptoir de La Glotte, dès que la Virago a le dos tourné, la résistance s’organise. A grand renfort de rosé ou de petit blanc, le combat fait rage. 

Tu te rends compte, faudrait s’entendre, c’est la guerre ou c’est pas la guerre? Et d'ailleurs, y sont morts comment ces pauv’ types? Est-ce qu’on saura jamais?

C’est toujours pareil, d’un côté, y’a ceux qui se font embusquer et, de l’autre, les gros bonnets qui nous enfument. A peine on les a mis dans le trou que c’est la foire d’empoigne: ça se tire dans les pattes de partout.

Un jour, on a droit à la version officielle. Le lendemain, c’est déjà démenti. Tu me diras que c’est pas ça qui empêche les généraux de partir se les rouler à la retraite. Ni les état-major de rester au sec. 

C’est sûr qu’il faudrait être Kaboul pour monter au casse-pipe! Pour bien faire, c’est les huiles qu’on devrait mettre sous pression. Le petit bille en tête: lui qui tient tellement à cirer les pompes aux rangers!


jeudi 4 septembre 2008

Bas de plafond

Ils avaient prévu de se faire un col dans la journée. Maintenant que les estivants ont rebroussé chemin, la montagne retrouve ses marques. Les sentiers sont redevenus nonchalants. Les espaces aériens.

Et puis, au beau milieu de la nuit, la pluie s’est mise à tambouriner sur le toit et, depuis, c’est le déluge. Comme un chalut dans la tourmente, le camping-car tangue sous les coups de butoir du vent. Tout à l’heure, il est même tombé des grêlons durs comme des billes.

Pour tuer le temps, Dédé et le Gamin jouent aux cartes, aux dames, aux dés, aux dominos.  Font des concours idiots. Chahutent en se racontant des blagues ou alors ils mangent.

Sur la table, Dédé a sorti le pain, déballé le saucisson, des rillettes, de la terrine, un assortiment de chèvres plus ou moins corsés, un pot de miel, de la confiture de myrtilles et débouché du rouge.

Quand ils n’en peuvent plus, ils se tapent sur le ventre, baîllent, rotent, s’étirent pendant que, derrière les vitres, les intempéries remettent le couvert sans vergogne.


mercredi 3 septembre 2008

Avec les serviettes

Ce matin, sans le faire exprès, Mezzig est tombé là-dessus:


...Jean-Luc Mélenchon... 

      

"Au passage, le sénateur en a rajouté une couche sur le dalaï-lama: «Il vous prétend qu'il est la réincarnation du même bonhomme depuis 1642 et ça ne vous fait pas rire?»."


En retour, Mezzig se demande si ça l’amuse vraiment tant que ça le Sorti des Urnes d’être l’incarnation de l’emporte-pièce depuis 86?

A sa décharge, il est vrai qu’il ne faut pas tout Mélencher: à trop enflammer la torche, on finit souvent torchon soi-même!



mardi 2 septembre 2008

Hauts de gamme

Ils se promènent dans les collines. Dans les rues étroites et pavées. Font le marché. Sirotent un café. Sourient aux gens qui passent. Discutent avec la boulangère. Musardent le long des vieilles pierres. 


Ils prennent l’apéritif en terrasse. Rentrent se faire une salade. Se barbouillent d’huile d’olive. Se lèchent les doigts. La bouche. S’emmêlent la langue.


Ils essuient la table. Se retirent dans la chambre. Baignent dans leurs saveurs. S’effondrent en sueur. 


Ils écoutent de la musique. 




Diane demande ce qu’il en pense et Kraine lui dit qu’il ne comprend pas tout mais qu’il aime bien la voix, l’énergie, les instruments derrière et Diane lui sourit. Elle lui explique un peu les paroles et Kraine trouve que ça lui ressemble.


Alors elle lui dit de fermer les yeux et d'écouter celle-là parce que c'est sa préférée du moment.




Découvrez Ani DiFranco!


lundi 1 septembre 2008

Case départ

Félicitations pour son bronzage et sa mine reposée! Et où est-ce qu’elle est allée pour décrocher un teint pareil:  la mer? la montagne? l’étranger? 


En tout cas, elle est en pleine forme, ça se voit. C’est un gage de bonne rentrée. Une promesse d’engagement renouvelée. En harmonie avec la grandeur si souvent dénigrée d’un métier sans équivalent.


A ce propos, Madame voudra bien prendre connaissance des modifications apportées à son emploi du temps. En raison de nouvelles directives inhérentes à la gestion parfois déconcertante de la profession, il n’a malheureusement pas été possible de satisfaire aux souhaits légitimes de tous les enseignants.


En conséquence, certaines classes dans lesquelles Madame avait pour habitude d’intervenir ont été confiées à des enseignants fraîchement débarqués, soucieux de faire leurs armes auprès d’un public différent et garants d’un savoir-faire opérant.


Il en découle une répartition horaire qui, loin d’être sans failles, a pour indéniable avantage d’oeuvrer dans le sens d’un meilleur confort des élèves.


Madame, saura sans aucun doute tirer tout le bénéfice pédagogique de ces remaniements peut-être inattendus mais, qu’elle en soit assurée, rigoureusement épanouissante. 


C’est ainsi, du moins, que l’entend l’équipe de Direction au grand complet tout en lui souhaitant une reprise des plus réussies.



Découvrez 3 Doors Down!