samedi 23 juin 2012

Sauf qui peut


A propos, La P'tite Dame d'en face va bien, que tout le monde se rassure, à ceci près qu'elle a rangé sa boussole avec un soin tel qu'elle est incapable de dire où: du coup, elle est perdue, pas que la boussole, la P'tite Dame aussi, la P'tite Dame surtout parce qu'une boussole elle en a jamais eu, enfin pas qu'elle se souvienne, sinon elle s'en souviendrait, ben tiens!

Quand il s'est agi de s'occuper d'elle et de lui trouver un hébergement spécialisé, Mezzig s'est soudain senti dépassé par les évènements: sidéré, sans mentir, le mot n'est pas exagéré.

C'est Madame qui a pris les choses en main. A l'extrême rigueur, Mezzig se serait bien dévoué mais il avoue qu'humblement il n'aurait pas fait mieux lui-même.

mercredi 30 mai 2012

Grand rapporteur

Est-ce qu'il y a longtemps qu'il n'a pas allumé la télé? lu un journal? écouté la radio? ou ne serait-ce que discuté des nouvelles avec quelqu'un? Sait-il seulement ce qu'il s'est passé récemment?

Toutes ces questions d'un seul coup, rien que pour lui, ça lui donnerait presque le tournis.

A vrai dire, non, pas qu'il se souvienne. Mais si Madame est intéressée, il peut lui faire un résumé.

Il y a eu des accidents, un séisme, des blessés, des morts, la crise, des pauvres, des suicides, des dépressions, un crime ou deux, des orages, des grêlons, encore plus de pauvres, bientôt d'autres  élections, autant de pommade et de brosse à reluire, et, à la fin, du foot, du foot immanquablement .

Madame en a des vertiges d'admiration: dans le style affligeant, Mezzig pourrait faire la une des journaux à lui tout seul. Heureusement, c'est loin d'être d'actualité!

vendredi 18 mai 2012

Bonne parole

Dès qu'il peut, Géronyme Clampin se rend au parc voisin pratiquer ses gesticulations comme dit Mezzig.

Régulièrement, quelqu'un s'arrête pour l'observer, s'approcher, lui poser des questions ou lui demander quelle heure il est ou s'il n'aurait pas aperçu passer à fond la caisse un chien avec ou sans collier.

Dernière rencontre: jeune couple mâle, blanc, badgé, chemise immaculée, un accent prononcé et des kilomètres de foi dans les mollets. 

Clampin qui les avait vus venir de loin dans leur costume de clones n'a pas attendu les présentations pour prévenir que chercher à l'évangéliser reviendrait à faire passer une meule de foin par le chas d'une aiguille.

Pour un Clampin au sommet de sa forme, rien de plus divertissant que de jouer l'idiome devant des étrangers.

vendredi 11 mai 2012

Vessieblog

Il y a peu, c'était plusieurs fois par jour et quelquefois, mais très rarement, la nuit. Un rythme confortable somme toute. Pas de quoi pavoiser. Pas de quoi rougir non plus.

Sauf qu'à présent, sans entrer dans le détail, c'est peu ou prou pareil le jour mais c'est beaucoup plus souvent la nuit. Et rarement aux bonnes heures.

Madame qui n'ose pas trop mettre le doigt là où ça fait mal, suggère qu'il serait peut-être temps de songer à prendre rendez-vous. Rien de déshonorant là-dedans. 

En face, Mezzig émet des doutes, formule des restrictions, contrecarre. A son humble avis, dans pareil cas, avant de se prononcer, le mieux c'est encore de laisser pisser!

jeudi 3 mai 2012

Tant qu'il est show

Si d'aventure quelqu'un s'égarait à lui demander son avis sur le débat, le duel, le duo que tout le monde cite, glose, commente, incante et rabâche depuis la veille, Mezzig répondrait que ce sont toujours les mêmes qui débattent et les mêmes qui doivent se débattre.

Certes l'argument sonne un peu rebattu mais le Mezzig n'envisage pas pour autant d'en rabattre.

Reste que l'on ne voit pas bien qui irait jusqu'à lui adresser la parole sur pareil sujet.

vendredi 27 avril 2012

Pudeur tardive

Dans le quartier, les choses ont bougé. Enfin, les choses: les gens surtout, parce que les choses, si personne ne les déplace, en principe, elles restent là où elles sont.

Y'a bien quelques malins, la nuit, pour mettre la pagaille à l'heure où  ça n'est pas indispensable mais, dans l'ensemble, rien d'alarmant.

Le fait est que ça n'est pas toujours facile d'avoir des tonneaux de problèmes existentiels, un sacré coup dans le nez, et de le faire savoir à ceux qui dorment, l'instant de se sentir moins abandonné.

Mezzig n'ira pas jusqu'à se vanter d'avoir été toujours irréprochable au temps jadis, bien qu'il tienne absolument à rester discret sur ce point pour ne pas prêter à confusion.

jeudi 19 avril 2012

Ou ne pas lettre

Enchaînons, Mezzig était donc prêt à remettre le pied à l'étrier, preuve si besoin était (et besoin était) qu'il ne craignait pas de se montrer cavalier!

Madame qui connait l'animal, ses ruses et ses ruades, s'échauffe: elle aimerait savoir si les prolégomènes vont encore durer longtemps, parce que là, il y en a peut-être qui s'impatientent.

Chacun le constatera, Madame n'a pas changé: toujours le mot pour faire douter de son vocabulaire. La formule idoine rescapée de derrière les fagots. 

On n'est pas obligé non plus de causer plus bas qu'on a la ceinture sous prétexte que ça fait genre, cautionne Mezzig en épluchant le dictionnaire.

mardi 10 avril 2012

Chamboule trous

Autant commencer par le recommencement.

Depuis sa crise de repli sur soi doublée d'une poussée de mutisme suraiguë, Mezzig avait un peu perdu le cour des évènements. Certes le décor alentour avait peu changé. Il y avait bien eu quelques travaux dans la rue, avec une ravalement par ici, une mise aux normes par là, mais rien de vraiment substantiel.  

A l'inverse,  il n'y a plus personne en ville pour ignorer que quelque chose se Tram à Trous sur Gloire. Un peu partout, c'est la grande explosion de chaussées éventrées, d'artères tailladées, d'avenues éviscérées. On fore, on perfore, on tirebouchonne, on excave, on barricade, on chicane, on détourne, on couloir-de-bus, piste-cyclabe et circulation alternée à fond les wagons!

Madame trouve qu'il ne faut rien exagérer. Mezzig contrarie qu'il ne faut rien minimiser. D'un point de vue strictement conjugal, on est gratifié d'un bel élan de transports en commun pour finir.

vendredi 6 avril 2012

Vent debout

Bon, d'accord, il avait vu large. Le projet était ambitieux, bien au-delà de ce qu'un déficient de son espèce pouvait encaisser. Tenir son Glob à bout de bras, sans assistance ni comité de réanimation, lui avait coûté une bonne partie de sa réserve de matière grise et sapé son moral.

Aussi, c'était décidé, il allait s'y remettre et s'y prendre autrement. L'important étant de hisser la grand-voile et de garder le cap.

Mezzig s'épate au passage de s'entendre s'exprimer de la sorte, lui qui n'a jamais eu l'optimisme en poupe, la métaphore marine encore moins.

mercredi 4 avril 2012

Assez duré

Mezzig avait bien senti que le vent s'était mis à tourner mais quand on est bas de plafond, c'est difficile de relever la tête pour vérifier.

Madame l'avait pourtant prévenu, au train où ça filait, on allait droit aux anicroches - oui, Madame sait parler si l'on n'a pas oublié! Fidèle à lui-même, Mezzig n'avait rien voulu entendre. Ainsi était arrivé ce qui devait arriver.

Il est raisonnable de se demander à ce stade de la reprise du feuilleton ce qu'il y a à entendre dans le peu de clarté d'un tel propos. C'est bien ce qui rend la chose encore plus intéressante, laisse planer le doute Mezzig.


vendredi 15 mai 2009

Compte d'auteur

Ses poèmes ne manquent pas de saveur. Quelques-uns sont délicatement épicés. Soulignés d’un soupçon de poivre. D’une pincée pimentée.


D’autres sentent le miel. La girofle. La fleur d’oranger. Avec, parfois, de vagues touches acidulées.


Franchement, Samar aurait tort de rougir. Madame est d’accord.

Celui qu’elle préfère? Difficile de choisir. Celui-là peut-être:


L’oiseau dont tu avais coupé les ailes 

est mort

de ne plus savoir voler

quand elles ont repoussé.


Mezzig, lui, ce qu'il a surtout retenu tient en un vers:


Il fait nuit tous les matins.


Est-ce qu'il y en a encore que ça étonne!






lundi 11 mai 2009

En haleine

Si vous voulez aller trop vite, prévient Clampin au début du cours, le souffle va vous manquer et vous aurez l'impression d'étouffer.

A l'inverse, si vous voulez aller trop lentement, le souffle va s'épuiser et vous aurez du mal à respirer.

Conclusion: ne cherchez pas à bien faire. N'essayez pas d'atteindre un but. N'attendez aucun résultat.

Est-ce que c'est enregistré? vérifie Géronyme.  

Au dernier rang, Mezzig fanfaronne que c'est tout vu: ce soir, il y en a encore qui vont s'en prendre plein les bronches!




dimanche 10 mai 2009

Tare ta gueule!

Douze ans. Il avait douze ans. L’âge où l’on délaisse ses peluches pour revêtir son armure de preux chevalier. L’âge où l’on s’empresse de quitter la table pour aller terrasser les monstres et délivrer les fées. Où l’on chevauche sans trembler ses rêves de gloire et d’invincibilité.


L’âge où l’on se râpe les genoux sur le traître goudron. Où l’on s’écorche aux épines sans broncher parce qu’on est un dieu, un héros, un géant et que ça fait même pas mal.


Douze ans. Rayonnant comme un Prince. Avec autant de sucreries que de promesses au fond des poches.


En ce moment, s’il croisait la mort au coin de la rue, Mezzig lui remonterait vertement les bretelles. Sans autre forme de cérémonie!


(Pour Dorian)


mardi 5 mai 2009

Gay pied

La nuit a été longue. A première vue, l'endroit semblait idéal. Une aire de stationnement au bout d'un chemin carrossable à travers les pins. La plage juste derrière la dune et rien alentour.

Et puis, l'après-midi, le manège a débuté. Une voiture se gare. Le chauffeur poireaute en musique, fume, reluque, moteur en marche, faussement dégagé.

Arrive le second véhicule. Un tour pour rien. Le conducteur repère l'autre caisse arrêtée. Se poste à proximité. Patiente. Vient se coller à hauteur de portière.

Comme ça jusqu'à quatre heures du matin. Le carrousel intégral. Le cirque au grand air. La valse à l'envers.

S'il n'y avait pas eu le Gamin, Dédé serait sorti leur en toucher deux mots. Juste pour s'assurer qu'un homme inverti vaut vraiment la paire!