mardi 21 octobre 2008

Mâle donne

Le grand-père n’était pas né bavard. Ou alors quelque chose ou quelqu’un lui avait appris à se méfier des mots et, par la suite, il était resté méfiant. Son fils non plus n’était pas causant. Gueulard, ça oui. Mais pas le genre à se raconter. 


Clotilde se doutait bien qu’entre
son père et le papi les rapports n’avaient pas été simples. Ce qu’elle avait du mal à mesurer, c’était combien leur histoire comportait de tiroirs où fouiller.


Grand-père ne faisait pas mystère de ses origines, de ses parents restés au pays et qu’il n’avait jamais revus, de ses soeurs dont il était resté sans nouvelles, de son arrivée ici, du travail, de la guerre, du regard malveillant des gens, des railleries sur son accent, de la solitude, des misères, et du reste qu’il préférait taire.


Elle s’en souvient comme si c’était hier. Jusqu’à la fin, le vieux rassemblait ses souvenirs qu’une énième fois il briquait rien que pour elle au soleil de la sénescence, ce qui avait le don d’énerver l’entourage. Le papa de Clotilde en premier.




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