lundi 5 mai 2008

A la volée

Le soir, à la fraîche, grand-père de retour du jardin, l’arrosoir à la main, le chapeau de paille vissé sur la tête, le maillot de corps auréolé sous les bras et dans le dos, le pantalon bleu poché aux genoux.


Le parfum des oeillets dans la cour. Le vol fou des hirondelles sur fond de ciel étal. Grand-mère dans son petit tablier à carreaux passé autour du coup et noué dans les reins, occupée à étendre le linge sur un fil. La haie de draps blancs fleurant le propre et la lessive.


Le rouge et noir des lanières du rideau de cuisine en matière plastique nouées ensemble par un bout de ficelle effiloché suspendu au crochet scellé dans l’encadrement de la porte par où se glissaient les ombres parfumées du dehors.


Le jus des fraises au fond du bol. La tache sombre, ivre des chauve-souris en plein vol à la lueur des lampadaires. Les chaises sur le trottoir et les causettes entre voisins sortis compter les étoiles.


Le nez à la fenêtre ouverte sur la nuit, Clotilde recense ces cristaux de mémoire que l’on prend pour des cailloux et que l'on sème n'importe où sans penser que, tôt ou tard, ils finiront par nous manquer. 


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