lundi 31 mars 2008

Fin de partie

Après la séance de méditation matinale à laquelle, non sans mal, à cause de douleurs au croupion et des montées de fou rire à répétition, il a bien voulu se livrer, Mezzig est parti marcher avec Clampin.

Après avoir cassé la croûte et récupéré des forces, Clampin lui a montré quelques postures à pratiquer matin et soir pour se dénouer.

Il lui a certifié qu'avec un peu d'assiduité, les progrès se feraient vite sentir. Mezzig n'a pas voulu le contrarier.

Comme il ne voulait pas rentrer trop tard, il a pris congé et fait péter la 2Cylindres.

Ce soir, Mezzig pionce à poings fermés. On jurerait un poupon dans ses langes. On a bien le droit d'en rajouter, c'est si rare qu'il fiche la paix.

dimanche 30 mars 2008

Entre deux eaux



Ce matin, Mezzig voulait se lever tôt et acheter des croissants mais le changement d'heure et la moitié de la nuit à repeindre la planète, goûter les vins, fumer, se raconter de vieilles histoires ont eu raison de sa fraîcheur.

 Dans son genre, Clampin n'était pas mieux. Du coup, cet après-midi, c'est calme plat comme on pourra s'en rendre compte.

samedi 29 mars 2008

Seul en scène

Li Pouiye erre comme une âme en peine. Il a perdu le patron.

Au moindre bruit d'espoir, il fonce à la fenêtre. En appui sur le radiateur, il écarte les pans du rideau et ratisse la rue, dressé sur ses postérieurs.

Déçu de ne rien voir venir, la queue à la dérive, l'oeil atone, le pauvre retourne s'effondrer sur sa couverture. En désespoir de cause, il se tourne une dernière fois vers Madame. Soupire atrocement et, tout à sa détresse, sombre à fond dans la déprime.

Quand on pense qu'il y en a encore qu'un tel spectacle laisse indifférent. C'est vraiment des chiens!

vendredi 28 mars 2008

Programme court

Avec du volume au bon endroit. Des courbes bien placées. Et juste ce qu'il faut de lignes pour monter dans les tours, c'était parti pour être une belle route.

La 2Cylindres était d'humeur à envoyer la cavalerie.

Manque de bol, à peine sur la nationale, il s'est mis à pisser dru et la bourre a tourné court.

Mezzig s'est garé aussi sec enfiler sa tenue de scaphandrier avant de repartir dans la purée à un train de limace.

En le voyant débarquer transformé en serpillière, Clampin s'est marré qu'il en avait au moins un qui pourra se vanter d'avoir essuyé!

mercredi 26 mars 2008

Pelotte de nerfs

Elle voulait aborder le sujet avec lui mais, en rentrant, elle a trouvé un mot de Mezzig où il expliquait que la 2Cylindres avait besoin d'un décrassage et qu'il allait pousser jusque chez Clampin.

Au pire, il sera de retour dans vingt-quatre heures. Au mieux, après demain.

Madame n'est pas surprise: grand bien lui fasse! Dernièrement, il n'était pas à prendre avec des pincettes. Il tournait virait comme un furet dans son tambour. Et, bien sûr, pas moyen de lui arracher deux mots.

Un peu d'air ne lui fera pas de mal. Elle aussi va pouvoir respirer. Quand on a ses lunes, le mieux c'est encore de s'éclipser.

lundi 24 mars 2008

Couche fraîche

Pendant trois jours sans interruption, la maison n'a pas désempli. Toutes les branches de la famille étaient réunies. Il y en avait dans toutes les chambres, tous les recoins.

A cause d'une météo déplorable, du dernier-né jusqu'au quasi centenaire, tout ce petit monde est resté droit dans ses chaussons. A l'abri des caprices du ciel.

De mémoire de St Edmond, on n'avait pas fait face à telle confluence depuis des générations. Sans parler de la pagaille occasionnée. Ni du surplus d'intendance.

En bonne maîtresse des lieux, Geneviève a déployé des trésors d'improvisation pour gérer la panique et parer au plus pressé. Pour faire bonne figure, elle a même été jusqu'à rallier le sommier conjugal. 

Sans vouloir être bégueule et sauf erreur de sa part, la suite ne mérite pas de figurer dans les annales.

samedi 22 mars 2008

Plein panier

D'habitude, c'est lui qui s'en occupe mais, là, les rôles sont inversés: c'est Li Pouiye qui fait chier. Quand il est décidé, impossible de lui faire lâcher le morceau. C'est comme mener une mule qui n'a pas soif boire à la rivière, pour ceux qui connaissent.

A ceci près que, pour l'heure, le récalcitrant, c'est Mezzig qui, vu le temps qu'il fait à l'extérieur et Madame qui n'arrête pas de tousser, ne voit pas ce qu'il irait fabriquer dehors, sinon se ramasser des microbes, un virus ou, qui sait? pire encore.

Alors, si vraiment ça presse, si c'est trop dur de se retenir, ça n'est pas la place qui manque dans le jardin. On ramassera plus tard. Ce sera la surprise!

vendredi 21 mars 2008

Tout un plat

Sans mentir, ça va faire drôle quand ils vont s'en aller. Mezzig préfère ne pas y songer.

De la chambre, on pouvait voir le toit du camping-car garé sur le parking. Même s'ils ne se voyaient pas tous les jours, ils étaient un peu de la famille.

Une fois repartis sur la route, ça ne sera plus pareil: ça va faire comme un vide. Une présence en moins.

A la fois, Mezzig est content pour eux. C'est leur vie. C'est comme ça qu'ils se sentent bien. Mais ça le chagrine aussi.

On a beau faire l'oeuf, on n'en est pas moins cloche pour autant!
 

jeudi 20 mars 2008

Avant course

Pendant que le Gamin sommeille, Dédé sort respirer la nuit et tenter d'apercevoir des étoiles malgré l'éclairage public qui donne la migraine aux oiseaux.

De l'autre côté du mur, les jardins de Mezzig et de Kraine verdissent. Les bourgeons pointent en masse. Des fleurs font une percée timide sur un fond d'herbe grasse.

Pour Dédé, ce n'est encore qu'une vague rumeur qui monte au loin. Viendront ensuite les fourmillements. Les premières démangeaisons. L'acmé du départ avant le signal. 

Ce ne sera plus alors qu'une banale histoire de mise en route. L'embarquement vers les caps improbables du lendemain.

mercredi 19 mars 2008

Farce ou profil

Parfois, Madame aimerait pouvoir être comme Mezzig. Elle en a marre de toujours courir. De tout faire à l'arrache. D'être sans arrêt limite bord de ligne.

De son côté, il arrive que Mezzig envie Madame d'être aussi dynamique et virevoltante, même si ça lui donne le tournis.

Dans l'autre sens, si c'est pour passer son temps à ruminer et se pourrir l'existence, Madame n'est pas cliente. Mezzig fait ça très bien.

C'est pas sa faute non plus, tente de se dédouaner le mis en cause: il en faut bien un qui ait toujours le mot pourri.

lundi 17 mars 2008

Couvre chef

Pour La Virago, c'est une évidence: le petit sortira grandi de ces péripéties. Elle enfonce le clou que si tout le monde s'était déplacé jusqu'à l'isoloir, on n'en serait pas là, suivez son regard!

Mezzig se délecte en buvant du petit lait.

Elle entonne ensuite devant témoins que c'est parce que les gens n'ont pas encore pris la mesure du changement et qu'ils en demandent encore davantage qu'ils ont trempé leur bulletin dans l'eau de rose.

En en rajoutant un peu, Mezzig nuance qu'il ne faudrait pas confondre ceux qui en bavent des ronds de chapeau avec ceux qui le portent pour de bon.

Et là, pour le coup, c'est La Virago qui se sent melon!

Vent de sable

Mezzig n'a pas tenu jusqu'à la fin. Il en avait plus que soupé. Il s'est éclipsé en lançant que de les entendre blatérer, ça lui cassait les urnes.

Madame a failli le corriger que c'était déblatérer le mot juste mais, quand il est dans cet état, autant prêcher dans le désert.

dimanche 16 mars 2008

Report de voix

Pas besoin d'avoir fait Médecine pour avancer un diagnostic: des frissons partout, douleurs articulaires, mal de crâne, poussées de fièvre avec l'envie de se fourrer au lit pour ne plus en bouger.

Si ce n'est pas la grippe, c'est donc son frère, ou son oncle, ou son cousin. Le méchant virus en vadrouille qui s'invite sans prévenir, faute d'avoir trouvé une chambre à sa mesure. Le genre sans-gêne. Au possible envahissant.

Clotilde avait prévu d'aller voter mais ce sera pour une prochaine fois. En même temps, elle se demande si ça sert à quelque chose.

Au final, si ce n'est pas celui-là qui l'emporte, ce sera son fils, son dauphin ou son fidèle. Le plus dur à faire passer dans tous les cas, c'est la pilule des effets secondaires.

jeudi 13 mars 2008

Front populaire

De temps en temps, des gens qu'il ne connait ni d'Eve ni d'Adam le saluent d'un hochement de tête amical, lui décochent un sourire en passant, ou lui font signe de la main de loin.

Les premières fois, intrigué, Mezzig se retournait pour vérifier s'il n'y avait pas quelqu'un d'autre derrière lui dans la rue ou s'il n'y avait pas erreur sur la personne. Mais non, c'était bien lui qu'on visait.

A force, il s'est fait une raison.

Il faudra quand même qu'il en ait le cœur net un jour. Peut-être que c'est juste parce qu'on s'est habitué à le voir dans le coin. Parce qu'on le prend pour une figure locale. Une sorte d'attraction touristique.


C'est vrai que ça va faire bientôt plus de dix ans qu'il habite le quartier: c'est pour dire si on est ouvert au changement par ici!

mercredi 12 mars 2008

Sans chichis

Après examen, le bilan est pour le moins minime. Il y a bien eu des poubelles qui ont volé, dont une a terminé sa course en pointillé à travers le parking contre le pare-choc avant du camping-car dans un bruit d'enfer. Mais, dans l'ensemble, rien d'alarmant.

La tempête passée, Dédé est monté sur le toit de la roulotte, comme il la surnomme, pour faire tomber les ramilles détachées des arbres voisins et vérifier que tout allait bien.

Et puisque tout allait bien, pour l'aider à se remettre de leurs émotions, il a embarqué le Gamin pour un saucisse-frites avec glace à la fin dans un petit restau où on mange bien pour pas trop cher.

Parfois, la vie c'est simple comme se farcir un grain.

lundi 10 mars 2008

Table ronde

Les soirs de résultats étant ce qu'ils sont, Geneviève de St Edmond a pris sur elle d'organiser un modeste mangement entre adeptes du même sexe en l'absence de son administré de mari.

Comme il se doit, Montana et La Virago comptaient parmi les convives, ainsi qu'une frange non négligeable des habituées du Gaies Turones habituée à se côtoyer.

Puisqu'on était entre nous, on a vite abordé la question de fond, à savoir: qui était pour s'engager dans la croisade de la Touffe à l'Ancienne lancée par Mose et qui était contre.

L'autre point épineux revenant à déterminer qui, parmi les partantes, acceptait à priori de se porter volontaire pour jouer les éclaireuses.

Outre de menus grincements de dents et de rares oppositions de principe, on était tombé d'accord pour étudier la proposition plus à fond, s'accorder sur les modalités et, le cas échéant, établir la liste des premières tentées.

Comme ça, c'était au poil: on ne risquait pas le ballottage.

dimanche 9 mars 2008

Fête foraine

Même si ce fut un peu long, Mezzig a bien retenu que la leçon essentielle à tirer du premier tour, c'est qu'il y en a un deuxième.

Conclusion: c'est pas demain la veille que le manège va s'arrêter.

Queue basse

A l'œil nu, l'éclairage a changé. Entre les masses sombres à l'horizon, des échappées de lumière rousse et rasante dans les branches et sur les façades.

Kraine marche le nez en l'air. Des choses lui viennent en tête puis s'en vont. Il regarde les arbres. Les nuages. L'eau qui coule. Il y en a d'autres dans les allées. Des inconnus qui déambulent solitaires.

Couché dans la poussière contre la pile d'un pont, un matou décharné, roulé en boule, à bout de souffle. Kraine s'arrête.

Au pied d'un buisson, juste à côté, des fleurs fraîchement sorties de terre.

jeudi 6 mars 2008

A ride abattue

Une occasion pareille, elle ne voulait pas la rater. Quand elle a su par la radio que les retraités descendaient dans la rue, elle s'est senti pousser des ailes.

A la fin, il a fallu s'y mettre à plusieurs pour canaliser sa fougue et la convaincre de monter dans un bus avec Clotilde pour regagner ses pénates.

Pour un peu, on la retrouvait, pancarte et poing levés, affairée à éructer des slogans gouailleurs et bloquant la circulation à elle seule tout en lançant des invectives aux automobilistes en rogne.

Longtemps que la P'tite Dame d'en Face ne s'était pas payé aussi belle tranche!

mercredi 5 mars 2008

Guerre des nerfs

Deux jours de stage à marche forcée. Madame est à couteaux tirés. Tendue comme une arquebuse. Prête à décocher sa volée de flèches au curare.

Elle assène que c'est toujours pareil et qu'il faut toujours en faire plus et que c'est toujours à faire pour la veille et tout ça sans contrepartie ni rémunération rétribution rallonge émoluments ni rien qui vaille et qu'il y a plus que de l'abus.

Mezzig risque une percée à découvert: est-ce qu'au moins c'était enrichissant? avant de plonger sagement se mettre aux abris sans demander son reste.

mardi 4 mars 2008

Coup de pouce

IL se demande ce qu'IL pourrait bien inventer d'autre. Après les billets glissés sous la porte, le bombage de La Glotte et le campagne d'affichage avortée, IL est à court d'idées.

IL a bien songé barbouiller les murs de la ville de mystérieux graffiti, mais c'est déjà fait. IL ne voudrait pas donner dans le plagiat.

Un pleine page de publicité dans la Feuille de Choux locale est au dessus de ses moyens. IL a fini par jeter l'éponge.

Il serait plus temps qu'IL trouve un moyen de faire un nouveau coup d'éclat. IL en connaît un à qui ça rendrait méchamment service.

lundi 3 mars 2008

Sans appel

Est-ce que, sans boniments, Madame ne trouve pas qu'il a pris du mou dernièrement? On dirait qu'il a l'œil moins vif. Un peu moins de panache. Plus tout à fait le même allant.

Peut-être qu'il ne se remue pas assez. Qu'il manque d'air. De distractions. Il lui faudrait du changement. Un coup de fouet. Du piment. Quelque chose pour le doper. Le sortir de sa mauvaise passe.

Madame le voit venir. Pas la peine de se voiler la face. Il est comme les autres: ça ne va pas aller en s'arrangeant. C'est juste un début.

Mezzig rouspète que c'est y aller un peu fort. Il espère que Li Pouiye n'a rien entendu: rien de tel pour lui ficher un coup de vieux.

dimanche 2 mars 2008

Bans d'annonce

Il y a anguille sous roche chez les Natzy. Le frère aîné serait sur le point de convoler. Samar a eu vent de la nouvelle par un de ses collègues qu'il ravitaille en huiles de contrebande.

On lui a aussi rapporté que la mère Natzy aurait des vues sur une boutique à vendre sur l'avenue pour y ouvrir une mercerie.

Une activité qui risque de lui donner du fil à retordre. Dans le genre aimable, Mezzig pencherait volontiers pour une version modernisée de la guerre des boutons.

Même s'il est encore un peu tôt pour broder.