jeudi 29 mai 2008

Thermophile

C’est vrai qu’il aurait pu se manifester. Ne serait-ce que donner un coup de fil. Même si c’est pas pour dire grand chose. Juste pour signaler que tout va bien. Qu’il n’y a pas de souci. Pas de lézard.


Mais, voilà, il sait ce que c’est: on remet toujours à plus tard. Si ça n’est pas dans la journée, ce sera le jour suivant. Et le lendemain, c’est pareil. C’est comme ça pour tout le monde. On se trouve toujours des excuses et, après, c’est envolé.


Enfin, ça n’est pas pour se justifier qu’il est là. Il a des photos à lui montrer. Un bout de film aussi que quelqu’un lui a passé. C’est loin d’être l’événement du siècle, il est d’accord, il y a encore de la marge, mais quand même.


Est-ce qu’il peut imaginer deux secondes ce que sa Touffe à l’Ancienne lui a donné de chaleurs dernièrement? Au point que la fièvre a du mal à retomber et lui, Mose, du mal à redescendre.


Tout de même, s’interloque Mezzig, qu’est-ce qu’un grand garçon comme lui peut encore trouver d’amusant à toutes ces fournaises?


mardi 27 mai 2008

Nabot turbin

Le petit se lève aux aurores. Le petit serre des pognes. Le petit se montre avenant. Plaisante. Interpelle. Dialogue. Boustifaille. Se rengorge.


Le petit aime le peuple qui travaille dur. Le petit exalte l’effort. Le courage. L’abnégation. L’investissement.


Le petit révère ceux qui triment. Bossent. Marnent. Besognent.


Ceux-là peuvent être fiers. Dignes. Le petit sait ce qu’il en coûte. Le petit  compte sur eux!


A ce tarif-là, malaugure Mezzig, d’ici à ce qu’on lui décerne la médaille pour l’ensemble de son oeuvre, les poules auront des implants.


lundi 26 mai 2008

Ça carbure

La Virago se languit: le Mezzig se fait rare. Pas souvent non plus qu’on entend vrombir sa 2Cylindres. Ça, quand le baril, le motard que jamais!


Solidaire et benoîte, La Glotte lève le coude et fait risette. Avant d’en remettre une couche qu’ici au moins, si tu vas à la pompe, t’es sûr de faire ton plein! 


Puis c'est au tour de Montana de conclure que tout ça, c'est vraiment pétrôle! 


Même avec de la mauvaise volonté, on s'en voudrait d'avoir raté ça. C'est Mezzig qui va être jaloux.


samedi 24 mai 2008

Mal au pis

Mezzig n’est pas à prendre avec des pincettes depuis qu’il a posé un pied par terre. Il a comme un mauvais pressentiment. Comme un poids qui le gêne. Un noeud à l’estomac. L’araignée au plafond. Les nerfs en pelote. 


Remonté comme une pendule, il bougonne. Râle. Tonne. Peste. Maugrée. Il en a après tout. S’agace. Houspille. S’emporte. S’emballe.


Plutôt que de s’attirer les foudres du forcené, Li Pouiye, qui connait la musique par coeur et pétoche au moindre petit orage, se fait prudemment oublier entre les plis de sa couverture. 


A l’étage, Mezzig grommelle tout ce qu’il peut. D’autant plus en rage qu’il n’a pas la moindre idée de ce qui le fait bouillir. Mis à part son côté soupe au lait! on aura facilement deviné.


jeudi 22 mai 2008

Agenda

Il y a deux jours, la lune était pleine. Ce soir, c'est au tour de Kraine.

Ainsi va la vie du quartier!

mardi 20 mai 2008

Retour de flamme

Montana se déverse qu’elles ne bougent pas assez. Qu’elles devraient voir davantage de monde. Aller au cinéma, au concert. Prendre une chambre à l’hôtel. S’offrir une escapade au bord de l’eau. Voir des expos, c’est pas ça qui manque! Sortir en ville s’acheter des fringues. Dîner au restaurant. Se promener en forêt le dimanche. Redécorer l’appartement, qu’est-ce qu’elle sait encore.


La Virago accuse réception du message: Montana s’emmerde, il n’y a pas d’autre mot. 


Normal. Au début, c’était tout nouveau tout beau. Le truc à l’eau de rose. L’accord parfait. Des patouilles à la pelle. Une fleur par-ci, un compliment par-là. La main qui s’aventure. Le miel au creux des oreilles. plein les babines, partout sur les doigts.


En bref: le feu d’artifice. L’arc-en-ciel. L’éruption grand format. Alors qu’à présent, il n’y a qu’à regarder les choses en face, on dirait deux pétards mouillés!


Si seulement Mezzig entendait ça, il ne se ferait pas prier pour mettre le feu aux poudres.


dimanche 18 mai 2008

Garce féline

Sur le gravier de l’allée, les babines retroussées, le marlou marche sur des oeufs. Vite rejoint par un second, moins diplomate, que la demoiselle, toutes griffes dehors, rabroue d’un preste volte-face.


Là dessus, la moustache claironnante, se pointe le troisième larron, visiblement émoustillé et résolu à décrocher l’enjôleuse timbale. Laquelle ne semble pas l’entendre de cette oreille qui réclame un vibrant supplément de préliminaires à s’en rouler les charmes par terre. 


S’ensuit un concert d’écorchés vifs ponctué de savants entrechats entrecoupés d’obscènes manoeuvres d’approche aussitôt éconduites d’un cinglant revers de coussinet. Le tout dans un boucan d'enfer.


Edmond de St Edmond ne cache pas son admiration pour la minette excitée comme une puce. Si seulement Geneviève pouvait en prendre de la graine: ce serait l’occasion rêvée de lever sa lascive en famille! 

 

samedi 17 mai 2008

A l'abattâge

Mezzig confie à Madame qu’à chaque fois qu’il en termine avec une grosse branche et qu’il repose la scie, c’est comme s’il avait fait tomber quelque chose de sa propre vie. 


Il dit qu’une fois que tout sera fini,  il n’y aura plus rien à couper.


Madame n’est pas certaine d’apprécier l’idée mais elle ne va quand même pas faire la fine bouche: pour une fois qu’il se casse le tronc!

vendredi 16 mai 2008

Trop bure

Toute petite, elle voulait rentrer dans les ordres parce qu’elle aurait aimé avoir une frangine et qu’elle avait entendu son père dire un jour qu’il avait été à l’école chez les Soeurs quand il était gamin.


Amusés, ses parents lui avaient alors expliqué la différence. Que c’était le nom qu’on donnait aux religieuses. Pas comme les pâtisseries! (le père avait de l’humour). Non: comme les dames avec des cornettes. Des corps si nets! (le sens inné du jeu de mots et de la plaisanterie).


Pour l’éclairer, sa mère l’avait emmenée visiter Notre-Dame du Sacré-Coeur: la Basilique, son parc, sa crypte, son cloître, ses Filles (papa n’avait pas suivi) en prière, sobrement vêtues de bleu ciel et de blanc, et Clotilde avait ouvert de grands yeux.


Plus tard, elle avait été inscrite au catéchisme, était devenue Jeannette. Elle avait fait sa communion et cru qu’elle avait découvert la foi.


Et puis plus rien: ça s’était arrêté net. Parti aussi vite que c’était venu: en coup de vent! comme lui avait rappelé son pater d’un ton amène.

jeudi 15 mai 2008

Point c'est tout

Tout au fond, là-bas, l’alignement de cimes rocheuses, de monts et de collines recouvertes d’un vert tendre. Dans le ciel, haut perchés, les nuages s’étirent paresseusement. Un vent léger fait bruire les feuillages.


Assis dans l’herbe, adossé à un arbre, Dédé regarde le paysage à ses pieds. Il fait bon. Sans le moindre battement d’ailes, un oiseau de proie décrit de larges cercles au dessus des pâtures.


Un peu plus bas, le Gamin s’amuse à poursuivre des insectes en riant comme un perdu.


Voilà. C’est aussi simple que ça. Peut-être même qu’il n’y a rien d’autre. 


mardi 13 mai 2008

Kaki d'oie

Dans le même temps, Mezzig soigne les muscles de sa main droite endolorie par il ne sait combien d'heures de suractivité, le doigt qu'il s'est malencontreusement entamé et bandé à la va-vite, ses bras marqués au rouge par les morsures d'épines (sans omettre ses crises de phobie alimentées par un surcroît de fatigue) en suivant les infos d'un oeil chafouin.


A ce propos, il trouve un peu raide que l'on fasse si peu cas de ces espèces en voie de prolifération qui profitent en toute impunité et traitent pire que des animaux le plus grand nombre.


Il n'y a pas d'autre mot, droit de l'hommise un Mezzig piqué au vif: c'est vraiment la Loi de la Junte!



ça tong pile

Dans un coin, ça cause ballerines et petites tenues, Soirée super. Biture trop mortelle. Sauvegarde et points de vie. Dernière interro. Dîner de classe. Essémesses et portable top class. Baby-foot. Nuit blanche et roulage de pelles. 


Dans l’autre, ça discute coup de soleil et soins pour la peau. Location bon standing avec vue sur la mer et piscine à gogo. Nouvelle teinte pour l’été. Destinations de rêve. Farniente. Cours qui sautent et premières convocations.


Rivée à la machine à café, Madame est à côté de ses claquettes. A sa décharge, après deux ponts balèzes et le prochain appel à la grève, difficile de ne pas rester spartiate!


samedi 10 mai 2008

Un qui bûche

Le sécateur en surchauffe, Mezzig entasse les sacs poubelle remplis raz bord de bûchettes tel un forcené. A peine s’il s’accorde quelques minutes de répit pour s’hydrater, lui qui sue comme une outre au moindre effort.


Du haut de sa fenêtre au premier, Kraine lui a proposé de lui prêter main forte mais  le forçat n’a rien voulu entendre. Il a prétendu que c’était une affaire entre cette fichue futaie et lui seul.


Quant à elle, Madame multiplie les appels pour qu’il réduise un peu la vapeur et se ménage. Elle craint qu’à ce rythme, il se déplace un nerf, se foule un abattis ou s’estropie pour de bon.


De son côté, Mezzig met un point d’honneur à ne pas flancher. Pour s’épauler, il calcule mentalement sa progression, varie ses angles d’attaque, spécule sur ses initiatives et jubile à chaque saignée significative.  


De loin, enfoui jusqu’au tronc dans la frondaison, il a l’air d’un fou furieux aux prises avec sa création. Comme quoi, ça n’est pas à l’écorce que l’on juge la valeur du gland!


mercredi 7 mai 2008

Histoire de



Tronc commun

En admettant qu’il tienne le rythme, à raison de, mettons, deux heures par jour, et encore, c’est un minimum, il lui faudra des semaines, peut-être un mois, davantage, nul ne sait: c’est un vrai travail de titan auquel il doit faire face. Une gigantesque entreprise aux frontières de l’entendement humain.


L’épreuve pourrait bien se révéler légendaire. Dans le genre David contre Goliath pour ceux qui voient de quoi il retourne. Un exploit de caractère épique, sans en rajouter.


Précisément, Madame trouve qu’il en fait un peu trop. Après tout, il s’agit tout au plus de mettre à bas cette abomination végétale qui n’en finit pas de prendre ses aises et d’envahir copieusement le terrain.


Mezzig rétablit que l’horreur en question n’est pas tout seul et qu’il est bardé d’une tripotée de branches, branchettes et brindilles truffées d’épines de calibre plus qu’honorable et qu’il fait bien deux fois sa taille. 


D’où l’importance de ne pas s’attaquer à cette anomalie sans s’entourer des précautions élémentaires. Avant d’arrêter une stratégie, Mezzig juge opportun d’étudier encore un peu l’adversaire.


lundi 5 mai 2008

Un an déjà



Sans trop s'avancer, Mezzig note quand même au passage que, côté sondage, il y a parfois matière à défection


A la volée

Le soir, à la fraîche, grand-père de retour du jardin, l’arrosoir à la main, le chapeau de paille vissé sur la tête, le maillot de corps auréolé sous les bras et dans le dos, le pantalon bleu poché aux genoux.


Le parfum des oeillets dans la cour. Le vol fou des hirondelles sur fond de ciel étal. Grand-mère dans son petit tablier à carreaux passé autour du coup et noué dans les reins, occupée à étendre le linge sur un fil. La haie de draps blancs fleurant le propre et la lessive.


Le rouge et noir des lanières du rideau de cuisine en matière plastique nouées ensemble par un bout de ficelle effiloché suspendu au crochet scellé dans l’encadrement de la porte par où se glissaient les ombres parfumées du dehors.


Le jus des fraises au fond du bol. La tache sombre, ivre des chauve-souris en plein vol à la lueur des lampadaires. Les chaises sur le trottoir et les causettes entre voisins sortis compter les étoiles.


Le nez à la fenêtre ouverte sur la nuit, Clotilde recense ces cristaux de mémoire que l’on prend pour des cailloux et que l'on sème n'importe où sans penser que, tôt ou tard, ils finiront par nous manquer. 


samedi 3 mai 2008

A bonne école

A la moindre intrusion il soulève une paupière, fronce un sourcil, mate l’outrecuidant d’un air de propriétaire outré. Si l’intrus s’éternise, prend ses aises au-delà du tolérable, joue les insolents, la réplique ne se fait pas attendre.


Les yeux dardés sur l’impertinent, Li Pouiye déboule au bas du balcon, traverse le chiendent à fond la caisse et, dans un aboiement, freine des quatre fers au pied du mur mitoyen mangé de lierre au sommet duquel, l’air colère, l’invective l’intrépide volatile. 


Après quoi, fier de son assaut, en maître incontesté du terrain, le cabot compisse le pied d’un massif avant de se vautrer, langue pendante, au milieu des herbes folles. 


En dehors de ces cinglants coups de collier, Li Pouiye ne lève pas une paille. Il paresse avec finesse, s’étire en connaisseur, baye copieusement aux corneilles à l’ombre du lilas. 


Mezzig l’avoue sans rougir: en la matière, c'est lui qui a trouvé son maître. 


jeudi 1 mai 2008

Tout un prodrome!

En se rasant, Mezzig se découvre une tache sur le front qui ne s'y trouvait pas la veille. Il en conclut qu'il a dû faire un mini-accident vasculaire et qu'il l'a échappé belle. Possible que le prochain petit vaisseau à faire des siennes sera le bon.

Et puis, il y a cette gêne récente au milieu du thorax qui lui fait redouter l'embolie. Le coeur qui défaille et la culbute recta de l'autre côté.

Pas plus tard que tout à l'heure, le temps de grimper l'escalier, il avait les jambes en coton, le palpitant déboussolé, le souffle raccourci.

Et Madame qui n'était pas là. Madame qui le serine de passer des examens s'il ne se sent pas bien. Madame qui voudrait l'expédier à l'hôpital.

Comme s'il n'avait pas déjà assez de soucis comme ça à s'occuper! Rien que d'y penser, ça le rend malade. Pas étonnant qu'il soit au bord de faire un malaise.