mercredi 31 décembre 2008
mardi 23 décembre 2008
Paire de manches
La maison ne reculant devant aucun sacrifice, Montana et La Virago satisfont la clientèle attifées en St Nicolas - jupette et bonnet assortis sur fond de collants fantaisie - perchées sur des demi-escarpins laqués du meilleur effet.
Réfrénant son envie de les qualifier de Çacraints de Noël ambulants, Mezzig s’est gardé de tout commentaire. Preuve que, dans son genre, on peut trouver plus épineux.
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lundi 22 décembre 2008
La voie du sien
Sur le bord de la rive, à peine il aperçoit une de ces créatures pas plus haute que deux pommes, couverte de poils rêches et armée d’incisives jusqu’aux dents, c’est merveille de le voir, immobile comme un marbre, tout entier, tel la flèche sur sa corde, tendu vers sa cible.
Ensuite, commence le travail d’approche. En équilibre sur des oeufs, Li Pouiye avance la patte, sonde le sol de ses coussinets, assure ses appuis, stabilise, calcule mentalement ses distances, évalue ses chances d’être le plus rapide,
décide finalement que nenni, il en manque encore pas mal et que mieux vaut engager un membre supplémentaire dans l’opération.
Avec d’infinies précautions, Li Pouiye manoeuvre à l’arrière, soulage son train, bande la cuisse et prépare le prochain pas.
A distance respectable, Mezzig s’efforce d'imiter la manoeuvre en se disant que, dans ce domaine au moins, il a encore des leçons à prendre avant d’espérer égaler le maître.
lundi 15 décembre 2008
Coup bas
Comme toujours en cette période, Madame n’est pas à prendre avec le dos de la cuillère. Il y a de l’électricité dans l’air. De l’eau dans le gaz. Ce qu’il faut de cheveux sur la soupe. Et des excédents de vent dans les voiles.
Mal inspiré, Mezzig s’inquiète de ce qui pourrait lui rendre service, la soulager, lui redonner du mordant.
La réponse fuse que Madame en a autant à son service et qu’il ferait mieux d’aller s’en payer une tranche sur sa 2Cylindres ou de retourner s’occuper de son Glob au lieu d’errer partout dans la maison en s’inventoriant le nombril.
Interdit, Mezzig encaisse puis se reprend qu’il s’attendait à tout sauf à faire un tel bide!
mardi 9 décembre 2008
Pris de cour
A force de la chercher dans tous les rades, les restaurants, les clubs et autres boîtes en vogue, Kraine finit par prendre goût à ses tournées nocturnes.
Il fait des rencontres. Parle avec des tas de gens. Vide des collections de verres. Fume des hectares de tabac. Avec d’autres, il refait le monde à la chaîne. Troque des délires de poivrots contre une dernière heure à perdre.
Il essuie des larmes de comptoir. Fourre des chagrins au fond de ses poches. Prête l’oreille à des poèmes volatiles. Pose des questions. Espère des réponses.
Et puis, un soir, au détour d’une rue, Diane réapparaît et c’est encore pire que si elle était sortie de sa vie pour de bon.
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samedi 6 décembre 2008
En droite ligne
Vers la fin de sa vie, il ponctuait souvent ses phrases d’un que veux-tu, c’est comme ça : les riches, les pauvres, ceux qui décident et ceux qui n’ont pas d’autre choix, la vie qui n’était plus ce qu’elle était, tout ce qui allait trop vite, ce qu’il ne comprenait pas, c’était comme ça.
Assise à côté de lui dans la pénombre, Clotilde écoutait le vieil homme enfoncé dans son fauteuil dévider ses souvenirs, exprimer ses craintes, ses rancoeurs, sa colère.
Il était né “du mauvais côté” comme il disait. Du côté des sans-grade, des petites gens et, comme eux, il avait courbé l’échine, tendu le dos, s’était démené pour gagner le peu qu’il avait et le conserver coûte que coûte.
Parfois, Clotilde se dit qu'elle aimerait bien elle aussi pouvoir faire pareil, agir avec le même détachement, mais, c'est plus fort qu'elle, elle n'y peut rien, c'est comme ça et c'est pas autrement.
mardi 2 décembre 2008
En boule
L’autre jour, quelqu’un lui a demandé pourquoi il portait toujours ce drôle de petit bonnet sur la tête. Est-ce que ça voulait dire qu’il s’était converti?
Pour toute explication, Samar s’est contenté de montrer son crâne lisse et luisant comme un oeuf. Comme ça, pas la peine d'y revenir: les apparences sont chauves!
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dimanche 30 novembre 2008
Linceul au monde
Le tapis de feuilles mortes qui recouvrent les allées, s’amoncellent aux pied des arbres. Les branches décaties, squelettiques, funéraires, entre lesquelles s’effilochent les langues du brouillard. Le silence qui s’égoutte et rentre en terre.
Debout derrière la fenêtre, son bol de café fumant à la main, Edmond de St Edmond est plongé dans sa contemplation matinale. Il a beau savoir que ce qu’il a sous les yeux recèle une certaine beauté, il ne ressent qu’un engouement mitigé pour le tableau.
Plus les années passent et moins il apprécie cette mise au caveau généralisée qui lui glace l’échine. Si ça ne tenait qu’à lui, il vendrait tout et partirait se réchauffer la couenne au soleil.
Ajouté à ça le fait que Geneviève n’arrête pas de lui seriner qu’il a tendance à s’empâter et que s’il reste sans réagir il ressemblera bientôt à une vieille croûte, de St Edmond finit par se demander s’il n’est pas en train de prendre un sérieux coup de vieux quand même.
A sa décharge, vu son âge, il ne va pas non plus jouer les pimpants ni les pâmés. Pourquoi pas se faire lifter une conduite pendant qu’on y est! A ce jeu-là, on tombe souvent vite dans l’excès ce lui semble!
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mercredi 26 novembre 2008
Allumé de service
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lundi 24 novembre 2008
Ressacs de voyage
dimanche 16 novembre 2008
Talent casher
Il a pris son temps avant de lui en parler. Il ne voulait pas lui donner l’impression de se mettre en avant. Ils ne se connaissent pas bien dans le fond mais Samar a confiance. Il sait que Mezzig ne se moquera pas.
Le fait est que, voilà, le soir, quand sa femme et les enfants sont couchés et qu’il est au calme, Samar écrit des poèmes. Si Mezzig est d’accord, il serait content de lui en faire lire quelques-uns, enfin, c’est à dire à condition que ça ne l’embête pas, que ça ne lui prenne pas trop de son temps.
C’est gentil de sa part. Limite gênant. Mezzig n’est pas sûr de lui être d’un grand secours dans ce domaine. Il n’y connaît pas grand chose en poésie.
Samar s’en contrefiche. Il voudrait juste qu’il jette un oeil. Il n’est pas obligé de donner un avis non plus. C’est sans façon: parce que ça lui fait plaisir, c’est tout.
Mezzig finit par céder. Puisque Samar y tient, pour la prochaine fois, il n’aura qu’à lui en mettre une poignée de côté. Des vers en primeur, ça ne se refuse pas.
Découvrez Léo Ferré!
vendredi 14 novembre 2008
Plein rendement
D’abord le pied. La jambe ensuite. Ah! oui, il allait oublier, le bras. Mais quel bras? Le gauche d’abord? L’autre? Le premier qui lui tombe sous la main sera le bon.
Après ça, respirer. Si possible avec naturel. Détendu. L'air de rien.
Il en a de bonnes le Tai Chi Chieur! Evidemment qu’il sait comment ça fonctionne: des années qu’il fait confiance à ses bronches pour ventiler! C’est pas maintenant qu’on va lui faire un dessin.
Etape suivante: l’enracinement.
Prendre la terre à témoin. S’ancrer profond. Solide mais sans forcer. A la fois ferme et léger. Et puis quoi encore: aérien pendant qu’on y est! Qu’est-ce qu’on ne va pas inventer pour se rendre intéressant!
On continue.
Mezzig tangue. Souffle comme un boeuf. Se disloque à vue d’oeil. Transpire à gros bouillon.
Madame se montre magnanime. Peut-être qu’une pause, un entracte, une mi-temps, les trois dans la foulée, voire, ça ne serait pas du luxe. Enfin, ce qu’elle en dit: c’est pour lui. Sa santé avant tout.
lundi 10 novembre 2008
Grise mine
Quelquefois, à Trous sur Gloire, le soir dure toute la journée. Un peu comme si le jour à peine levé en avait déjà sa claque. Qu’il était pressé de passer son tour. D’écourter le service et de laisser sa place au suivant.
Lequel ne se montre d’ailleurs pas forcément mieux disposé. S’arrange pour se faire porter pâle. Brille par son absence.
Et ainsi de suite jusqu’à ce que l’envie saisisse n’importe qui de déposer le bilan et de mettre la clé sous la porte.
On en rigole mais c'est pour dire si vivre est loin d'être un métier facile! se résume Mezzig.
samedi 8 novembre 2008
Porte-voix
Sur l’aire de jeux défraîchie, à l’abri d’un semblant de cabane, des gamins s’encouragent en cercle autour d'une malheureuse console:
Eh! Vazy! Déponcemoile cte filsdeprut! Yva pmorfler c’t’enculpé! On-va-lui-preversaprace! Ouais-comme-ça! Mets-zyen plein sa pronche à l’aut-pnaze! Céça tu-l’as-pbouffé! Amontour del'pnicker.
Mezzig se demande si c’est à cause du vent, de sa capuche qui lui couvre le chef ou s’il ne deviendrait pas un peu dur de la feuille, toujours est-il qu’il serait grand temps qu’il consulte avant d'y perde complètement son latin!
mardi 4 novembre 2008
Chakra des champs
lundi 3 novembre 2008
Espèce d'acculé
C’est récurrent: quand on se tue à la tâche, on rêve debout d’avoir du temps pour faire ce dont on a envie. S’occuper de soi. Se faire plaisir. Terminer ce qu’on a en retard.
Au final, quand arrive le moment tant attendu, on se baguenaude. On muse. On lanterne. Et rien n’est fait. On est pris de court.
Compatissant, Mezzig souligne que Madame n’a pas idée de la chance qu’elle a de pouvoir choisir.
Parce que pour un gars comme lui, entre souffrir le martyr et glandouiller, il n’y a pas beaucoup d’autre issue possible.
Madame manque de s’étouffer qu’il y en a un au moins qui ne manque pas d'air!
Découvrez Yello!
dimanche 2 novembre 2008
Poil terne
Est-ce que, par hasard, ça va encore durer longtemps sa comédie? Ça n’est tout de même pas sa faute s’il fait un temps à ne pas mettre un catafalque dehors!
Il pourrait au moins faire un effort pour donner l’exemple quand on lui propose de se bouger la carcasse. Au lieu de quoi, Monsieur se réfugie à l’étage l’air ronchon et refuse de quitter la chambre à la moindre sollicitation.
Certes, la période est plutôt morose mais Li Pouiye n’est pas obligé de faire le mort à tout bout de champ. Si tout le monde se met à faire son Mezzig à la maison, où est-ce qu’on va? On se le demande.
mercredi 29 octobre 2008
Ton sur ton
A La Glotte, on ne fait pas dans la dentelle: si c’est un noir qui gagne les élections, ils vont se retrouver marron!
Parce qu’il y en a peut-être encore ici qui s’imaginent que d’avoir le petit pour président, c’est ce qui nous grandit! contrecarre Mezzig.
Au contraire, pour une fois que quelqu’un annonce la couleur, ce serait plutôt mal venu de se lancer dans une querelle des States d’esthètes!
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lundi 27 octobre 2008
Grand minimum
Les gens, les vrais, leurs petits bonheurs, leurs gros tracas. La vie qui va, qui ne va pas. Les hauts, les bas. L’état du monde, c’est le moindre de ses soucis pour l'instant.
Kraine se fait de la bile. Kraine perd la boule et les pédales. Kraine se bouffe les ongles. Se ronge les sangs. Se cogne contre les murs. Kraine en bave.
Il a essayé de la joindre à plusieurs reprises sur son portable mais il tombe sans arrêt sur le répondeur. Il a laissé plusieurs messages lui demandant de le rappeler. Peine perdue. Diane est injoignable.
Mezzig qui s’était invité pour le café ne sait pas quoi faire pour lui remonter le moral. Surtout que les femmes et lui, ça fait deux. Et encore, il fait preuve de retenue!
dimanche 26 octobre 2008
Chou farci
Celui-là, Mezzig l’a entendu venir de loin sur la 2Cylindres. Moteur à fond. La japonaise hurlant comme un goret aux portes de l’abattoir. Cabré sur la roue arrière. Freinage de branque. Un profil d’obus.
Mezzig n’est pas bêcheur mais un tel amas de lobotomie sous un casque, ça laisse salement à réfléchir!
Découvrez Early Day Miners!
samedi 25 octobre 2008
Accord raté
En faisant les courses, Mezzig est tombé sur un support pour guitare pliable à pas cher qu’il s’est empressé d’acheter.
En rentrant, tout fier, il a montré son acquisition à Madame qui lui a rappelé qu’il n’avait jamais voulu apprendre la musique et qu’il n’y avait pas ce genre d’instrument à la maison, ce qu’elle trouvait dommage.
Mezzig s’est aussitôt emporté que si elle le prenait pour un manche, elle n’avait qu’à le dire. Un jour, qu’elle se méfie, il pourrait bien lui faire payer la note!
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mardi 21 octobre 2008
Mâle donne
Le grand-père n’était pas né bavard. Ou alors quelque chose ou quelqu’un lui avait appris à se méfier des mots et, par la suite, il était resté méfiant. Son fils non plus n’était pas causant. Gueulard, ça oui. Mais pas le genre à se raconter.
Clotilde se doutait bien qu’entre son père et le papi les rapports n’avaient pas été simples. Ce qu’elle avait du mal à mesurer, c’était combien leur histoire comportait de tiroirs où fouiller.
Grand-père ne faisait pas mystère de ses origines, de ses parents restés au pays et qu’il n’avait jamais revus, de ses soeurs dont il était resté sans nouvelles, de son arrivée ici, du travail, de la guerre, du regard malveillant des gens, des railleries sur son accent, de la solitude, des misères, et du reste qu’il préférait taire.
Elle s’en souvient comme si c’était hier. Jusqu’à la fin, le vieux rassemblait ses souvenirs qu’une énième fois il briquait rien que pour elle au soleil de la sénescence, ce qui avait le don d’énerver l’entourage. Le papa de Clotilde en premier.